Boire un verre d’eau potable, cela ne va pas de soi pour les habitants des villages périphériques de Bangui.
A défaut d’avoir accès à de l’eau propre, beaucoup se rabattent sur l’eau de marigot avec des conséquences sur leur santé. Mais cette situation s’est accrue avec la crise sécuritaire de janvier : des cadavres ont été jetés dans les rivières et les ont polluées.
Pour aider les gens dans l’urgence, l’église catholique a mis en place une clinique mobile pour la population.
Boire l’eau sale du marigot
Une eau sale, et trouble : la population de Kpata, Beyeré, Ndimba va puiser son eau à boire dans le marigot.
Pierre Yetoman est le chef du village de Kpata. Il explique que l’accès à l’eau est extrêmement difficile. « L’eau ici est à ciel ouvert. Quand il pleut, les feuilles tombent dessus, y compris le sable. Après la crise, malgré tout ce que vous connaissez, les gens n’ont pas le choix ».
Au plus fort des violences, des corps sans vie ont été jetés dans les rivières, rendant l’eau encore plus impropre à la consommation.
Des infections à cause du manque d’hygiène
Cette situation a ému la sœur Lydie Dehegué Nambona, révoltée que dans cette région, boire de l’eau puisse représenter un danger pour la population.
La nonne raconte : « Nous avons rencontré des cas d’infections pulmonaires, de gastro-entérite, évidement, parce qu’ils n’ont pas de bonne eau. On rencontre beaucoup de problèmes de peau dus au manque d’hygiène. Alors porter secours à ces frères et sœurs, je crois que ça les soulagerait beaucoup dans leur misère, je dis dans leur misère parce que vraiment c’est une population qui souffre ».
Grâce à l’appel lancé par Lydie Dehegué Nambona qui a su réunir des bonnes volontés, aujourd’hui, Kpata dispose de trois puits améliorés.
La réponse des autorités : des études sont en cours
Le gouvernement est conscient de la réalité du problème. Le réseau de distribution d’eau remonte à la colonisation. Il n’a pas été amélioré malgré l’augmentation de la demande. Arthur Bertrand Piri, ministre de l’Hydraulique, s’en remet à la conclusion d’études qui sont en train d’être menées avec les partenaires de l’Etat.
Le ministre remercie ainsi la Sodeca (l’entreprise publique de distribution de l’eau potable et de travaux hydrauliques en RCA, ndlr), même si l’entreprise a « des moyens limités », de l’aveu même du ministre. « La population augmente, nous le savons. Mais après les études en cours, nous aurons des propositions et nous verrons ce qu’il y a lieu de faire et nous faisons confiance aux partenaires qui nous ont toujours soutenus ».
La Centrafrique est encore loin des objectifs de développement durable fixés par l’ONU. L’accès à l’eau potable et aux infrastructures sociales de base demeure pour la majorité de la population une denrée rare.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée