À demi-mots plus ou moins couverts, des proches du staff congolais présents au CHAN ont accusé les organisateurs du championnat de produire des tests Covid-19 falsifiés.
Deux certitudes sont identifiables dans le grand bain contemporain des fake news. Primo, la résistance d’une rumeur semble inversement proportionnelle à la fiabilité de ses preuves présumées. Secundo, le CHAN est bien plus qu’une compétition sportive. Après les accusations zimbabwéennes de magie noire par cadavre de chauve-souris interposé, ce sont des suspicions de manipulation de test de Covid-19 qui ont ciblé, en fin de semaine dernière, l’organisation camerounaise de la compétition…
« Les tricheurs »… À quelques heures du quart de finale Cameroun-RDC du samedi 30 janvier, le mot est lâché par le coordonnateur de l’équipe nationale de la République démocratique du Congo ; mot lâché mais tempéré, dans la même phrase, par une nuance rhétorique : « Ce que nous nous croyons être une tricherie ».
Devant la presse, Theo Binamungu dépeint le flou qui aurait entouré les tests au Covid-19 subis par ses Léopards. Il évoque l’annonce de 13 nouveaux cas positifs qui portent à 20 la liste des contaminés de la délégation congolaise, au moment où celle-ci doit affronter le pays organisateur de la compétition et… de la campagne de tests.
Accusations de falsification
Pour étayer son accusation à peine voilée, le coordonnateur évoque le cas du sélectionneur Florent Ibenge décrété, en l’espace de quelques jours, « positif » au coronavirus, puis « négatif »… Avant d’être à nouveau déclaré « positif ». Tout en se gardant d’accusations plus précises, Binamungu renchérit en évoquant un imbroglio avalisé, selon lui, par le recours à des laboratoires différents, par l’évocation de cas énigmatiquement qualifiés de « douteux » et par l’annonce inattendu des résultats par l’adversaire.
Il déclare avoir demandé une contre-expertise acceptée par le comité d’urgence de la Confédération africaine de football (CAF), expertise dont les résultats tomberont à quelques heures du coup d’envoi. Les treize cas positifs seront ramenés à trois, dont deux joueurs : les attaquants Karim Kimvuidi et Philippe Kinzumbi.
Des internautes monteront l’affaire en épingles, suggérant des « tests falsifiés », un cluster imaginaire monté de toutes pièces par peur d’affronter les meilleurs éléments de RDC, une « manœuvre » dans laquelle aurait été impliquées de grandes stars de l’histoire footballistique camerounaise…
Le sigle « CHAN » signifierait-il « Covid hautement aléatoire et non-conforme » ? Ou serait-ce que « Covid » signifierait « COngo Viralement IDentifié » ? Même après le relai viral des sous-entendus -notamment via plus de 10 000 partages sur Facebook – , le sélectionneur congolais n’embouchera pas la même trompette que le coordonnateur. Il se gardera d’évoquer un complot, publiant un démenti formel de déclarations qu’on lui prêtait. Et ceci, même après la victoire des Lions indomptables sur les Léopards, 2 buts à 1.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée