Tôt ce lundi matin (20.12), des manifestants ont envahi les principales artères de la ville. Ils ont brulé des pneus et dressé des barrages de pierres sur la chaussée.
Ils revendiquent une évaluation sans complaisance de l’état de siège et s’opposent catégoriquement à l’entrée de la police rwandaise à Goma.
En effet, le 14 décembre dernier, un mémorandum d’entente a été signé entre les polices rwandaise et congolaise pour une meilleure coopération transfrontalière afin de lutter contre la contrebande dans cette région.
Mais pour Espoir Ngalukiye, militant au sein de la Lucha, il est hors de question que la police rwandaise traverse la frontière :
« Notre plus grande crainte est de voir arriver la police rwandaise dans notre pays. Cette police est composée de personne qui ont joué un rôle important dans la déstabilisation de notre pays et comme si cela ne suffisait pas, il n’y a pas encore eu de justice pour les crimes qu’ils ont commis. Le conseil que nous pouvons donner aux autorités congolaises, c’est de se limiter uniquement au domaine du renseignement comme cela se fait partout ailleurs dans le monde entre pays voisins. »
Que dit l’accord ?
« La lutte contre l’extrémisme violent est une bataille complexe qu’aucun pays ne peut vaincre seul (…) La police rwandaise est prête à travailler avec la police de la RDC pour établir une unité opérationnelle conjointe à Goma », pouvait-on lire le 13 décembre dernier sur le compte Twitter de la police nationale rwandaise.
Pour Fred Bauma, directeur de recherche au Groupe d’études pour le Congo, il est primordial de clarifier le contenu de l’accord mais aussi d’éviter de faire de la sous-traitance quand il s’agit des questions sécuritaires en RDC :
« Il y a un risque que la présence ou une intervention rwandaise viennent exacerber les tensions qui existent entre les différentes communautés dans cette région. Je crois aussi que l’intervention ou le besoin d’intervention rwandaise a beaucoup à voir avec l’intervention ougandaise qui a lieu en ce moment dans la partie nord du Nord-Kivu. Cette manière de sous-traiter les questions sécuritaires par des pays voisins avec lesquels on a une longue histoire de guerre n’est pas la meilleure façon de résoudre les problèmes et les défis sécuritaires à l’Est. »
Chantal Faida, activiste sociale dans l’est de la RDC rejoint cette idée et juge un excès de mutualisation des forces inefficace :
« On ne peut pas prendre plusieurs initiatives en même temps. Nous avons déjà la Monusco, nous avons les opérations conjointes avec l’armée ougandaise et voici une troisième initiative de mutualisation des forces de sécurité. Cela veut dire que rien n’est fait correctement. C’est à dire que c’est l’échec total de notre police, de notre armée parce que comment comprendre que si nous avons le contrôle de la situation, on puisse demander de l’aide aux pays étrangers ? »
Nous avons interrogé Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement congolais à propos de cet accord. Il nous a répondu : « Il n’est pas prévu l’arrivée de la police rwandaise ».
Un point de presse tenu par le porte-parole du gouvernement et celui de la police étaient programmés ce lundi (20 décembre) pour éclairer l’opinion et donner plus d’explication quant au contenu de cet accord.
Source: Deutsche Welle Afrique/ Mis en ligne: Lh-Tshiess Makaya-Exaucée