RDC : le gouvernement de Sama Lukonde Kyenge entre (enfin) en fonction 26

Sama Lukonde Kyenge a été nommé Premier ministre de la RDC le 15 février 2021. Sama Lukonde Kyenge a été nommé Premier ministre de la RDC

Deux semaines après que la composition du gouvernement a été dévoilée, et après plusieurs jours de tension au sein de l’Union sacrée, le nouvel exécutif a été investi par l’Assemblée nationale.

Ils sont arrivés sous les acclamations de leurs partisans, massés dans le hall d’entrée de l’Assemblée nationale. Les 57 membres du gouvernement de Sama Lukonde Kyenge avaient rendez-vous ce lundi au Palais du Peuple pour leur premier test, celui de la présentation de leur programme et du vote de leur investiture. L’Assemblée a accordé sa confiance au nouvel exécutif congolais à la quasi unanimité (410 voix sur les 412 députés présents). Plus de six mois après le dernier conseil des ministres, Félix Tshisekedi dispose donc à nouveau d’une équipe gouvernementale en fonction.

Un programme ambitieux

Cette plénière a été marquée par le premier discours de politique générale de Sama Lukonde Kyenge, nommé le 15 février. Intitulé « construire un État fort, prospère et solidaire entre 2021 et 2023 », ce document de 64 pages s’articule autour de quinze piliers et 343 « actions », dont plusieurs mesures ambitieuses.

Parmi celles-ci figurent notamment de nombreux projets de modernisation d’infrastructures, le lancement d’une réforme de la fiscalité et d’une réforme du système de retraite. Ce programme comprend aussi un large volet sécuritaire. Il se donne notamment pour mission d’obtenir l’implication plus active de toutes les parties prenantes de l’accord-cadre d’Addis-Abeba et prévoit, le cas échéant, de l’actualiser ou de le remplacer. Sama Lukonde Kyenge a également promis de procéder, avec le Conseil de sécurité de l’ONU, à une évaluation de la Monusco, confrontée à de nombreuses critiques et cible de manifestations dans l’Est.

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Lors de son discours, Sama Lukonde Kyenge a évoqué la possibilité d’instaurer un « état d’urgence sécuritaire » dans les zones en proie aux conflits armés et proposé la mise en place « d’une administration militaire ». Le chef du gouvernement a également annoncé sa volonté de « proscrire strictement l’incorporation des rebelles au sein de l’armée régulière et de la police ».

Autre axe crucial de la feuille de route qu’il entend donner au gouvernement : l’organisation du recensement et de l’identification de la population. Le Premier ministre a toutefois précisé qu’il ne comptait pas conditionner l’organisation des prochaines élections à la réalisation complète de ces opérations.

Un budget limité

Si ce programme ne manque pas d’ambition, il convient néanmoins de s’interroger sur la marge de manœuvre financière et le temps dont disposera cette nouvelle équipe pour remplir la plupart de ces objectifs. Ces deux variables ne jouent pas en faveur du président congolais. Aucune des nombreuses mesures prévues dans le programme n’est pour le moment chiffrée et le budget de l’exercice en cours est établi à 7,1 milliards de dollars, un chiffre revu à la baisse par rapport à l’année précédente pour prendre en compte les effets de la pandémie de coronavirus sur l’économie.

Pour tenter de remédier à ce problème, Sama Lukonde Kyenge a annoncé qu’une loi de finances rectificative allait être élaborée. Selon le chef du gouvernement, le programme présenté ce lundi, censé couvrir la période jusqu’aux élections, devrait coûter 36 milliards de dollars. Un montant qui suscite le scepticisme de certains députés.

Bien que le débat ait été écourté – tous les députés qui souhaitaient s’exprimer n’ont pu prendre la parole – , les élus ont néanmoins approuvé ce programme.

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Ce vote, qui pouvait s’apparenter à une simple formalité compte tenu de l’écrasante majorité dont dispose l’Union sacrée, a été obtenu de haute lutte, au terme de plusieurs jours de tension.

Fronde et appel à la discipline

Annoncée le 12 avril après plusieurs semaines de négociations, la composition du gouvernement de Sama Lukonde Kyenge a en effet généré de nombreuses frustrations au sein de la coalition présidentielle.

Malgré un nombre de maroquins pléthorique (57 postes en comptant celui de Premier ministre), un groupe de députés majoritairement issus du Front commun pour le Congo (FCC, de Joseph Kabila), et regroupés au sein du collectif dit des « Révolutionnaires », avait fait savoir son mécontentement quelques jours après l’annonce du gouvernement. Ces élus s’estimaient insuffisamment remerciés dans la répartition des postes au regard de leur contribution au renversement de la majorité détenue jusque-là par Joseph Kabila. Ils menaçaient même de bloquer l’investiture du gouvernement.

Il aura fallu plusieurs jours de discussions et une ultime rencontre entre Félix Tshisekedi et les membres de l’Union sacrée, le samedi 24 avril à la Cité de l’Union africaine, pour déminer la situation. « J’ai ouï-dire qu’il y avait certains mécontentements que je peux comprendre vis-à-vis de la composition du gouvernement. Ce n’est pas possible de composer un gouvernement avec toutes les tendances socio-ethniques de notre pays. Tout le monde ne pouvait pas se retrouver dans ce gouvernement. Il nous faut être solidaires avec ceux qui sont là », a expliqué le chef de État, appelant à la « discipline ».

Son appel a visiblement été entendu, mais cet épisode reste un premier avertissement pour la nouvelle majorité, tant il confirme l’instabilité de cette coalition où se côtoient des forces politiques aux intérêts divergent.

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Source: Jeune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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