En République démocratique du Congo, (RDC), le mouvement citoyen Lucha a publié, le vendredi 12 février, son rapport de Fatshimétrie pour cette deuxième année du président Tshisekedi au pouvoir. La « Fatshimétrie », c’est un contrôle citoyen qui évalue, point par point, le degré de réalisation des promesses du nouveau président Félix Tshisekedi, et c’est un « échec patent ».
Bienvenu Matumo est militant de la Lucha. Joint par RFI, il explique pourquoi ce nouveau bilan de l’action du président Felix Tshisekedi est un échec : « C’est un échec patent parce que le social des Congolais ne s’est pas amélioré alors qu’il avait annoncé 2020, comme une année d’action sociale économique. Il s’est fourvoyé dans un combat politique. Il a braqué les institutions en assenant des coups à son adversaire Kabila alors que nous, on attendait des actions sociales pour améliorer nos conditions de vie ».
Le lien avec Joseph Kabila bloquait-il l’action du président ?
« C’est faux, dit Bienvenu Matumo. C’est un discours politique, de politicien. Qu’on nous dise combien de lois, de propositions qui ont été faites par le gouvernement Félix Tshisekedi ou bien par ses députés, ont été rejetées à l’Assemblée nationale (Il n’y en a pas !) pour dire que c’est Kabila qui les bloquait. Au fond, ce n’est pas Kabila. On l’a vu. Quand il [le président Tshisekedi] voulait construire les sauts-de-mouton, il l’a fait ; quand il voulait faire les espaces publics avec des chiffres exorbitants, il l’a fait. Donc, c’est un faux prétexte. Nous, nous disons que l’essentiel, le vécu des Congolais n’a pas été amélioré et que la sécurité est grandissante à l’est du pays. Plus de 4 000 personnes ont été tuées à l’est du pays. On ne peut pas dire que le bilan est positif du moment que les gens ont été tués comme des mouches à l’est du pays ».
Pour le mouvement citoyen, l’année s’est résumée, pour le chef de l’exécutif, à une lutte de pouvoir avec son prédécesseur Joseph Kabila, au détriment des réformes promises. Bienvenu Matumo lui soumet toute une série de recommandations.
« Nous, on recommande qu’il [Félix Tshisekedi] puisse renforcer son équipe gouvernementale avec des personnes efficaces qui peuvent se rassurer que sa vision – parce qu’il dit qu’il a une vision pour changer ce Congo – est mise en œuvre ; respecter les lois de la République parce qu’on a vu, dans son braquage politique, qu’il n’a pas respecté les lois de la République. Il a violé certaines dispositions de la Constitution… ».
« Autre chose, nous lui recommandons de pouvoir renforcer sa répression contre la corruption. On l’a vu, il dit la lutte contre la corruption… mais il a libéré quand même des personnes qui ont été accusées de détournements. Nous lui recommandons aussi de pouvoir diminuer sensiblement la taille de son cabinet parce que c’est un cabinet budgétivore. Diminuer la taille du futur gouvernement mais aussi et surtout de pouvoir renforcer l’appareil sécuritaire. On doit extirper des affairistes qui sont au sein de la chaîne de commandement pour mettre fin à ce qui se passe à l’est du pays. Ce qu’on recommande, c’est qu’il doit mettre en place des réformes exceptionnelles : la réforme de la Céni, la réforme de la justice, la réforme sur la sécurité. »
À noter que le vendredi 12 février, une manifestation de la Lucha a été violemment réprimée à Kananga. Des dizaines de militants marchaient pour protester contre l’insécurité grandissante dans la capitale provinciale du Kasaï Central et exiger la démission du maire. Selon le mouvement citoyen, huit d’entre eux ont été blessés dont deux graves.
Source: Rfi Afrique/Mis en ligne Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée