Pour son implication présumée dans la disparition d’environ 15 millions de dollars des caisses de l’Etat, Vital Kamerhe apparaît désormais comme un handicap pour le président congolais.
L’affaire des 15 millions de dollars disparus des caisses du trésor public est le premier scandale de la présidence de Félix Tshisekedi depuis son investiture le 24 janvier dernier. La présomption de détournement de cette somme par une série de personnalités, dont le directeur du cabinet présidentiel Vital Kamerhe, est d’autant plus embarrassante que ce dernier est le premier partenaire politique du président. Les deux hommes ont en effet conclu un accord en novembre 2018, juste avant l’élection présidentielle du 30 décembre.
Jean Paul Kuyamba, du mouvement citoyen Lucha et ancien coordonnateur du Front citoyen 2016 qui luttait pour l’alternance au Congo estime que l’affaire arrive à un très mauvais moment :
« Celui qui est impliqué dans cette affaire est un membre du CASH, donc de la famille présidentielle. C’est une affaire qui parait compliquée. Mais nous attendons tout de même du président de la République un comportement responsable, un comportement d’un homme d’Etat, pour laisser la justice congolaise jouer ce rôle d’éclairer la population congolaise sur ce détournement. »
La crédibilité mise à mal
Vital Kamerhe, 60 ans, ex-président de l’Assemblée national, et candidat à la présidentielle ayant sacrifié ses ambitions pour s’allier à Félix Tshisekedi, est en effet au centre des accusations de l’Inspection générale des finances (IGF). Le chef de l’Etat reste muet sur la question malgré ses promesses de lutter contre la corruption et pour le « changement des mentalités » en RDC.
Nous avons tenté d’obtenir la position de la présidence congolaise en contactant les services du directeur du cabinet et du président Tshisekedi, mais sans succès.
Pour Epimak Kwokwo, directeur de la Ligue des droits de la personne dans les Grands Lacs, Félix Tshisekedi doit agir et ne doit pas seulement faire confiance à la justice dans cette affaire :
« Il doit aussi mener ses investigations personnelles. Parce qu’il peut arriver que la justice brouille les traces de cet argent. C’est ce que la population attend et nous pensons que selon la position que le président prendra, cela va le crédibiliser d’avantage, ou bien le contraire. »
Premier scandale financier de l’ère Tshisekedi
Selon le rapport de l’IGF, la somme de 15 millions de dollars a atterri sur un compte privé ouvert dans une banque commerciale, la Rawbank. Ces 15 millions correspondent à une retenue de 15% qui était destinée au Trésor public, prélevée sur une somme de 100 millions versée par l’Etat à sept compagnies pétrolières pour compenser le gel des prix à la pompe.
Au sujet de ce qui pourrait devenir un scandale d’Etat, le porte-parole de la présidence dans un tweet ce lundi 16 septembre mentionne : « le silence du président, c’est par respect du principe démocratique, Vital Kamerhe garde la confiance de Félix Tshisekedi ».
Cette affaire éclabousse les plus hautes autorités congolaises mais elle n’est pas le seul scandale financier. L’ex-ministre congolais de la Santé, Oly Ilunga, arrêté samedi 14 septembre à Kinshasa, est soupçonné d’avoir détourné plus de 4 millions de dollars alloués à la lutte contre Ebola en RDC.
Source: Deutsche Welle Afrique /Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée