Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont en effet décidé le 18 décembre dernier de prolonger jusqu’au 20 décembre 2021 le mandat de la Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo.
Selon les Nations unies, ce sont au total 25,6 millions de Congolais ont besoin d’une aide humanitaire. Le pays compte également plus de cinq millions de déplacés internes dont environ 930 000 réfugiés qui ont fui vers des pays voisins. Une situation qui reste préoccupante pour les populations qui vivent dans des provinces où les groupes armés sévissent toujours.
L’insécurité demeure à l’est
Chantal Faida est activiste des droits de l’Homme dans la province du Nord Kivu. Elle regrette que la présence de la mission de l’ONU ne réduise pas l’insécurité dans les territoires de l’est de la RDC.
« Les régions de l’Est continuent à faire face à l’insécurité en dépit de la présence de cette mission. On doit mettre le gouvernement face à ses responsabilités. A force de voir la présence de la Monusco, le gouvernement demeure infantilisé et ne se met pas à l’œuvre comme il se doit« , estime Chantal Faida. « La sécurité est une mission régalienne de l’Etat mais aujourd’hui l’Etat a recours à la logistique et à l’équipement de la Monusco et pense que pour ces questions de sécurité, nous aurons toujours avec nous la communauté internationale. Mais à un moment, nous devons être en mesure d’agir en tant que nation. »
La Monusco sous pression
La société civile et certains citoyens congolais renvoient la balle dans le camp de la Monusco. En une vingtaine d’années, la mission de l’ONU, disent-ils, n’en fait pas assez au niveau sécuritaire.
Curieusement, l’ONU constate une évolution positive de la situation sur le terrain. Sur cette base, la résolution demande une réduction du niveau de déploiement militaire et la zone d’opérations de la Monusco dans les régions où la menace posée par les groupes armés n’est plus significative.
D’ici à 2022, la Monusco n’existera plus dans le Kasaï au centre et au Tanganyika dans le sud-est. Sa présence sera tout de même renforcée dans le Nord et le Sud Kivu ainsi que dans l’Ituri.
Pour John Sengo, ancien fonctionnaire des Nations unies en RDC et en Côte d’Ivoire, la Monusco est sous pression et cette prolongation de mandat apporte quelques nouveautés.
« Les membres de la société civile notamment Lucha et d’autres composantes à l’Est à Béni, réclament son départ. Ils estiment qu’elle n’a rien fait par rapport à la protection des civils. Elle est sous pression au moment où elle doit commencer à réduire les effectifs de la police et des militaires, des contingents et en même temps assurer la transition« , explique-t-il. « Il y a aussi la responsabilité en terme du système d’alerte précoce et de réponse rapide qui est un problème sérieux en terme de la mise en place de la nouvelle résolution. Il y a aussi la performance des contingents. Cette nouvelle résolution donne aussi plus de capacité à la Monusco en terme de renforcement des droits de l’Homme.«
Le désengagement de la Monusco demeure dans tous les cas, une option sur la table de l’ONU. Le texte de la résolution souligne la nécessité de transférer progressivement les tâches de la Monusco au gouvernement de la République Démocratique du Congo.
Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée