L’affaire fait grand bruit en RDC. Ce lundi 06 juillet, le Sénat a approuvé la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien Premier Augustin Matata Ponyo, chef du gouvernement sous Joseph Kabila de 2012 à 2016. Il est en effet soupçonné d’avoir détourné des fonds alloués à l’indemnisation des victimes d’expropriations sous le règne de Mobutu. Depuis, des voix s’élèvent pour demander qu’une enquête judiciaire soit également ouverte contre l’ex-président congolais Joseph Kabila.
Le nom de l’ex-Premier ministre est cité dans deux dossiers. D’abord, celui de l’expropriation des victimes de ce qui est appelé « la zairianisation », c’est-à-dire le processus de nationalisation des entreprises étrangères.
Ensuite dans le dossier de la gestion des fonds alloués au projet du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo.
Pour le professeur Florimond Muteba, président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (Odep), Augustin Matata Ponyo qui était à l’époque Premier ministre sous Joseph Kabila n’a pas agit seul. L’ancien président doit également répondre de ces faits devant la justice. » Matata Ponyo a été le Premier ministre sous Joseph Kabila, il ne peut pas être le seul responsable de cette affaire là, il n’a pas agit sans que le président de la République soit au courant de ce qui se passait, du coup Joseph Kabila est totalement impliqué aussi. C’est une question de mettre en place une commission d’enquête pour qu’elle puisse établir ce qu’a été sa gouvernance, » souligne le professeur.
Manœuvres politiques?
Dans la famille politique de Joseph Kabila, on dénonce une manœuvre politique du pouvoir actuel pour éliminer tous les adversaires politiques avant le prochain scrutin présidentiel. Election à laquelle le président Félix Tshisekedi s’est déclaré candidat.
C’est du moins ce que pense Ferdinand Kambere, il est secrétaire permanent adjoint du PPRD, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, de l’ancien président Kabila. « Je constate qu’aujourd’hui le président Felix Tshisekedi veut neutraliser tous les éventuels adversaires politiques pour les élections de 2023. Comme ils ont compris que même la population exige les élections au niveau national en 2023, la communauté internationale se joint à la préoccupation de la population pour qu’il n’y ait pas de glissement, maintenant la stratégie aujourd’hui c’est d’utiliser toutes ces organisations qu’on croyait être des organisations de défense des droits de l’homme responsables, » s’offusque Mr. Kambere.
Une affaire dont on n’a pas fini d’entendre parler. Selon les avocats d’Augustin Matata Ponyo, la procédure n’a pas été respectée car le procureur général de la Cour constitutionnelle avait demandé uniquement l’autorisation des poursuites et non la levée de l’immunité de leur client.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée