A Benin City, au Nigeria, le « Edo Museum of West African Art » s’organise. L’institution doit en effet rassembler des œuvres d’art de l’ancien royaume du Bénin, qui sont actuellement dans des collections internationales, et rechercher puis raconter l’histoire mouvementée de ces artefacts. Ces derniers mois, de plus en plus de musées allemands et européens ont annoncé qu’ils restitueraient au Nigeria les œuvres d’art spoliées pendant la période coloniale.
Plus qu’un musée
Pour le Nigeria, le « Edo Museum of West African Art » sera bien plus qu’un simple espace d’exposition : il marque la fin d’une lutte de plus de 100 ans pour le retour de ces objets d’art historiques.
Le musée symbolise aussi la reconquête d’une identité, explique Abba Isa Tijani, le directeur de la Commission nigériane des musées et monuments culturelle (NCMM). Beaucoup de Nigérians et en particulier les habitants d’Edo qui sont culturellement proches de ces objets ne les ont pourtant jamais vus. Abba Isa Tijani faisait partie de la délégation nigériane qui s’est déplacée à Berlin pour discuter des détails du retour des bronzes du Bénin qui se trouvent dans des collections allemandes.
« Nous voulons développer une sorte de partenariat entre les musées allemands et les musées nigérians. Nous voulons donc que tout mouvement d’artefacts n’affecte pas les communautés, les gens en Allemagne qui ont également développé de l’amour et des aspirations et aussi de l’attachement pour ces objets » explique t-il.
Un partenariat pour que tout le monde, y compris les Allemands aient accès aux Bronzes qui, Abba Isa Tijani l’espère, pourront être rapatriés l’année prochaine – vers le mois d’août- après la signature d’un accord.
Un débat d’actualité
La question de la restitution des objets d’art spoliés durant la colonisation reste plus que jamais d’actualité alors que des pays comme la France sont dans cette dynamique.
Monika Grütters, commissaire du gouvernement fédéral allemand en charge de la culture et des médias reconnaît que le sujet fait également débat en Allemagne. « D’une manière générale, force est de constater que le Forum de Humboldt et, je crois, également les mouvements de réfugiés que l’Europe a connus ces dernières années, le contexte de la colonisation, le passé colonial et ses conséquences aujourd’hui, tout ceci a pris une importance incroyable et interpelle la société dans sa globalité. Pendant longtemps, cela a été ignoré dans notre culture du souvenir » précise t-elle.
La partie est du Humboldt Forum, dans laquelle seront exposés les bronzes, n’ouvrira probablement qu’au printemps 2022. Ce qui laisse du temps au musée, précise Hermann Parzinger, le directeur de la Fondation du patrimoine culturel prussien, qui a la plus grande collection de bronzes du Bénin en Allemagne.
« Notre souhait est clair : nous aimerions continuer à montrer des œuvres originales du Bénin au Humboldt Forum et dans d’autres musées allemands. Que cela prenne la forme d’un prêt ou sous une forme, il appartiendra à la partie nigérianne de le clarifier » explique Hermann Parzinger.
Le nouveau musée tant attendu de Benin City ne sera pas achevé d’ici là, mais il est prévu qu’un grand pavillon sera construit d’ici l’automne 2022, qui servira de lieu de stockage et à travers sa structure de verre, offrira également aux visiteurs un aperçu des pièces qui auront été restituées d’ici là.
Ce projet de construction est lié à un autre projet de fouilles archéologiques. Le musée et le pavillon seront construits sur les ruines du palais royal d’origine de Benin City.
L’Allemagne contribue à hauteur de 4,5 millions d’euros à la réalisation du projet. Une autre rencontre entre l’Allemagne et le Nigeria est prévue pour l’automne de cette année – et donc une nouvelle étape sur la longue route vers la restitution.
Source : Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée