Selon des témoignages, Mamoudou Barry, chercheur associé à l’université de Rouen, aurait été agressé par un supporteur de l’Algérie. L’auteur est en fuite.
La CAN a fait une victime vendredi soir à Canteleu, près de Rouen. Mamoudou Bolaro Barry, un universitaire guinéen de 31 ans résidant en France depuis 2012, est décédé à la suite de « violences verbales et physiques » selon ses proches. Cet incident tragique s’est produit vers 20 h 30, devant l’arrêt de bus Province de Canteleu.
« Il était prévu qu’il vienne suivre le match chez moi. Entre-temps, il est allé chercher sa femme à la sortie du travail. Sur le chemin du retour, alors qu’il circulait vitres ouvertes en voiture, un homme lui lancé : “Vous, les sales Noirs, on va vous niquer. On va vous niquer vos mères” », relate son ami et collègue Khalil Keïta, enseignant comme lui à l’université de Rouen Normandie. Mamoudou Bolaro Barry aurait alors stoppé son véhicule, et serait allé à la rencontre de l’individu pour lui demander des explications. « Connaissant Mamoudou, je suis sûr qu’il ne voulait pas se battre. Il n’a pas la corpulence, et ce n’est pas son genre. Mais cette personne lui a donné des coups sur le corps et le visage, et au 4e coup, il est tombé », poursuit Khalil Keïta.
Une enquête ouverte
Le choc aurait causé des lésions cérébrales, auxquelles Mamoudou Barry n’a pas survécu. Transféré au CHU de Rouen « dans un état de coma profond » selon ses proches, il y est décédé samedi en début d’après-midi. Une enquête de police a été ouverte. Le ministre français de l’Intérieur a réagi sur Twitter ce dimanche en début d’après-midi : « Tout est mis en œuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression qui a coûté la vie à Mamoudou Barry. Il appartiendra à la Justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux. Mes premières pensées vont à ses proches dont je partage l’émotion et l’indignation. »
« C’est une grosse perte pour nous. Un jeune brillant tué par le fait d’une bêtise humaine. C’est triste », a quant à lui réagi l’ambassadeur de Guinée en France Amara Camara, dans une interview accordée au site Guinéeréalité. En Guinée, le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo a également commenté cette agression mortelle sur son compte Twitter. « Le sport doit rester un moment de partage et de fair-play. Je condamne les violences en marge de la finale de la Can 2019 ayant provoqué la mort de Mamoudou Bolaro Barry. Toutes mes pensées et mon soutien à sa famille », a-t-il écrit.
Hommages de ses collègues universitaires
« Nous perdons un homme de valeur, de consensus, un conciliateur, un brillant intellectuel pluridisciplinaire. Mamoudou a toujours été un guide pour les étudiants, un exemple pour ses collègues et un père de famille dévoué », ont déclaré dans un communiqué ses collègues de l’Institut de recherche et d’enseignement sur la paix en Afrique Thinking Africa. Mamoudou Bolaro Barry y était chercheur depuis janvier 2015, en parallèle de ses travaux de recherche et d’enseignement à l’Université Rouen Normandie.
Carine Brière, maître de conférences dans cette université, y fut sa directrice de thèse. « Mamoudou Barry venait de soutenir brillamment le 27 juin dernier une thèse sur “Les politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone : le cas du secteur des ressources naturelles extractives”. Le jury à l’unanimité l’avait félicité en raison de l’originalité de sa recherche et des qualités dont il a fait preuve lors de la soutenance.
Parallèlement à la préparation de sa thèse, il enseignait depuis 2014 à la faculté de droit de l’université de Rouen. Il a été attaché temporaire d’enseignement et de recherche (Ater) puis chargé d’enseignement. Il intervenait notamment en droit de l’assurance et en droit bancaire. Il était apprécié des étudiants », explique-t-elle, se disant « effondrée » par son décès.
Un appel aux dons a été lancé pour contribuer au rapatriement du corps de Mamoudou Bolaro Barry sur sa terre natale. « La Guinée paie cher la victoire de l’Algérie en Coupe d’Afrique des nations », a tweeté le journal guinéen Le Djely.
Source: Le point Afrique/ Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée