Le Front Polisario déplore « la perte de l’élan créé ces dix-huit derniers mois » pour trouver une solution au conflit qui l’oppose depuis des décennies au Maroc.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé pour un an, mercredi 30 octobre, sa mission au Sahara occidental, la Minurso, sur fond de « frustration » du Front Polisario, qui déplore l’inaction des Nations unies à pousser plus fortement pour une solution au conflit qui l’oppose depuis des décennies au Maroc. Une résolution en ce sens, rédigée par les Etats-Unis, a recueilli treize voix pour et deux abstentions (Russie et Afrique du Sud).
« Nous regrettons que le Conseil de sécurité revienne au “business as usual” », avait souligné avant le vote, lors d’une rencontre avec quelques médias dont l’AFP, le représentant du Front Polisario à l’ONU, Sidi Omar. « Nous déplorons profondément la perte de l’élan créé ces dix-huit derniers mois », avait-il ajouté.
Après une longue interruption, le dialogue sous l’égide de l’ONU entre le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie avait repris lors d’une table ronde en Suisse, en décembre 2018, suivie d’une deuxième en mars, sans qu’une percée ne soit enregistrée. Le dossier ne bénéficie plus d’un émissaire de l’ONU depuis la démission en mai de l’ex-président allemand Horst Kohler. Après le vote, les Etats-Unis ont réclamé la nomination d’un nouvel envoyé spécial « au plus tôt ».
« Nous exhortons le secrétaire général [Antonio Guterres] à nommer une nouvelle personne », avait aussi dit Sidi Omar, regrettant que le Maroc ait posé des « pré-conditions » comme le rejet de toute nouvelle personnalité allemande ou issue d’un des cinq pays permanents au Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France). « Notre peuple a presque perdu toute foi dans ce processus » politique et le Front Polisario décidera d’ici à la fin décembre de poursuivre ou non son implication dans la négociation, avait aussi souligné Sidi Omar, évoquant implicitement le risque d’une reprise du conflit.
Menace de suppression
La résolution de l’ONU est sans changement majeur par rapport aux textes précédents. Seule différence : la prolongation de la Minurso est pour un an et non plus six mois. Cela ne signifie pas un retour au « statu quo », ont assuré les Etats-Unis devant le Conseil de sécurité. Ce revirement est dû à l’absence d’émissaire, a expliqué à l’AFP un responsable américain sous couvert d’anonymat. Du temps est nécessaire pour une nomination et une relance du processus politique, a-t-il fait valoir.
En 2018, contre l’avis de la France et du Maroc, Washington avait imposé un renouvellement de six mois en six mois pour mettre la pression sur les parties, sous l’impulsion de l’ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton, qui avait même menacé de supprimer la mission très ancienne de l’ONU.
Dans une déclaration devant des médias, l’ambassadeur marocain à l’ONU, Omar Hilale, s’est félicité que la résolution consacre « la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie », qui est « considérée comme sérieuse et crédible ». « Cette autonomie, dans le cadre de l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale du royaume, demeure la seule et unique solution à ce différend régional », a-t-il insisté.
Ex-colonie espagnole, le Sahara occidental a été le théâtre d’un conflit jusqu’en 1991 entre le Maroc, qui a annexé le territoire en 1975, et le Front Polisario, qui réclame l’indépendance de cette étendue désertique de 266 000 km2 dans une région riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses. Rabat refuse toute indépendance et de discuter de sa souveraineté sur ce qu’il considère comme une partie intégrante de son territoire.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée