La République arabe sahraouie démocratique (RASD) a indiqué, lundi 5 avril, vouloir solliciter « un siège » à l’ONU, où le Conseil de sécurité doit de nouveau débattre ce mois du dossier du Sahara occidental, qui oppose de longue date les indépendantistes du Front Polisario au Maroc.
« La RASD, membre fondateur de l’Union africaine (UA), réclame la place qui lui revient au sein du concert des nations », a déclaré lors d’une conférence de presse à Alger le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek. A ce jour, la RASD ne dispose d’aucun statut à l’ONU. Et « il ne faut pas que le peuple sahraoui et l’Etat sahraoui soient pénalisés par cette attitude intransigeante qui défie la légalité internationale », a-t-il ajouté, en allusion au refus du Maroc d’organiser un référendum d’autodétermination dans le territoire.
La question du Sahara occidental, considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif, oppose le Maroc au Front Polisario depuis le départ du colonisateur espagnol, dans les années 1970. Rabat, qui contrôle près de 80 % de ce vaste territoire désertique situé au nord de la Mauritanie, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario, qui a proclamé la RASD en 1976, continue de réclamer, avec le soutien de l’Algérie, la tenue d’un référendum prévu par l’ONU au moment de la signature d’un cessez-le-feu entre les belligérants, en 1991. Ce mouvement gère des camps à Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie, où vivent des dizaines de milliers de réfugiés.
« Soutien aveugle » de la France
Si l’ancien président américain Donald Trump a reconnu l’an dernier une souveraineté marocaine sur l’ensemble du Sahara occidental, toutes les tentatives de règlement du conflit ont jusque-là échoué. Devant la presse lundi, le diplomate sahraoui a de nouveau demandé à la France de « cesser son soutien aveugle » au Maroc. Il s’en est également pris à l’Espagne, « qui refuse d’assumer ses responsabilités » historiques d’ancienne puissance coloniale, l’accusant de « trahison » envers le peuple sahraoui.
Comme chaque année, le Conseil de sécurité doit se réunir ce mois (le 21 avril) pour discuter du conflit et proroger le mandat de sa mission sur place, la Minurso. Cette réunion interviendra alors que le nouveau secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a demandé au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’accélérer la nomination d’un nouvel envoyé spécial au Sahara occidental. Le dernier titulaire du poste, Horst Kohler, a démissionné en mai 2019.
En outre, pour la première fois en trois décennies, des accrochages armés sont survenus en novembre dans l’extrême sud du Sahara occidental. Et le Polisario se dit depuis « en état de guerre de légitime défense ». Une réunion du Conseil de sécurité avait eu lieu en décembre pour discuter de cette rupture inédite du cessez-le-feu.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée