Situation humanitaire déplorable à Tripoli : L’ONU demande d’enquêter sur l’excès de violences contre les manifestants

Les forces de sécurité ont manié la carotte et le bâton contre les manifestants, sortis avant-hier à Tripoli, réclamant de meilleures conditions de vie. Au début, les sécuritaires ont protégé le cortège, avant de lui tirer dessus après. Les protestataires se réclamant pourtant de la Libye. Leurs slogans et leurs banderoles étaient dirigés contre Haftar et Al Sarraj. Ils demandaient juste l’amélioration des services aussi basiques que l’électricité et l’eau.

La mission de l’ONU en Libye a réclamé hier l’ouverture d’une enquête sur le maniement excessif de la violence contre des civils, réclamant l’amélioration de leurs conditions de vie. En effet, plusieurs centaines de jeunes Libyens ont manifesté, avant-hier, à la Place des Martyrs de Tripoli, pour contester l’absence d’eau et d’électricité, ainsi que les problèmes des salaires et des liquidités.

Et après un début paisible de la manifestation, avec des sécuritaires qui protégeaient et canalysaient le cortège, le ton a changé. Des hommes, en tenue officielle des forces de sécurité, ont dispersé la foule. Ils lui ont même tiré dessus. Des déploiements d’engins militaires ont été observés dans la grande place de Tripoli. Les manifestations s’étaient déplacées dans les quartiers de l’ouest de la ville, comme Gorgi, Ghout Chaal et Dribi.

Des hommes armés ont dû tirer en l’air, après minuit, pour disperser les manifestants. Les réseaux sociaux pullulent de vidéos et photos, racontant ce qui s’est passé, y compris l’arrestation des blessés dans les hôpitaux par des hommes armés. Le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué justifiant l’usage de la force par «l’infiltration de la manifestation par des éléments suspects, cherchant à perturber l’ordre».
Le ministère affirme «son attachement à la liberté d’expression pour les Libyens, tant que c’est dans le respect de la loi». Un autre communiqué, émanant de la «Force de protection de Tripoli», une force se réclamant, elle-aussi, de l’Etat de Libye, appelle le chef de gouvernement d’Union nationale, Fayez Al Sarraj, le ministre de l’Intérieur, Fathi Bach Agha, ainsi que le procureur général militaire, à lever le voile, dans une conférence de presse dans les 24 heures, sur les personnes impliquées dans cette attaque armée. Pour sa part, la mission de l’ONU en Libye a réclamé l’ouverture d’une enquête sur «l’usage excessif de la force contre les manifestants».

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Et le cessez-le-feu…

Ces manifestations ont coincidé avec l’appel d’Al Sarraj réclamant un cessez-le-feu, la démilitarisation de Syrte et Jofra, ainsi que la reprise de la production du pétrole, avec gel des revenus, en attendant une solution politique. Mais, il n’y aurait pas de relation entre les deux actes, selon le journaliste libyen, Taha Krewi. «Les appels aux jeunes à manifester contre la détérioration des conditions de vie se sont multipliés depuis la fin de la guerre afin de ne pas accuser les manifestants d’affaiblir Al Sarraj et soutenir Haftar», explique le journaliste.

«Les gens n’arrivent plus à joindre les deux bouts et préfèrent de nouveaux visages pour gérer les affaires du pays», poursuit-il, en faisant allusion à un gouvernement de technocrates, loin de ces politiciens, en attendant des élections. «Le cessez-le-feu, il est là, de fait, puisque les forces de Haftar se sont repliées, nous voulons vivre», conclut Taha.

A l’Est, Ahmed Mesmari, le porte-parole de l’Armée de Haftar, a accusé Al Sarraj de double langage. «Les Turcs se préparent à attaquer Syrte par la mer. Trois bâtiments de guerre turcs sont en position d’attaque dans cette zone. Le communiqué d’Al Sarraj a été rédigé dans une capitale étrangère», a déclaré Mesmari, traduisant les doutes des gens de l’Est libyen sur la bonne intention de ceux de l’Ouest, ainsi que la volonté de Haftar de poursuivre la guerre dans l’optique de servir l’axe Dubai-Le Caire, voire même Tel-Aviv, après le dernier rapprochement émirato-israélien.

La main américaine, évidente derrière les communiqués de vendredi dernier, aurait, sûrement, un plan pour la Libye. La stabilité en Libye n’est pas pour demain. Les Libyens l’ont senti et sont descendus dans la rue pour qu’on les prenne en considération dans les solutions conçues.

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Source : El watan /Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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