Les dirigeants des six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), réunis en sommet extraordinaire à Yaoundé vendredi 22 novembre, ont annoncé leur volonté de faire évoluer le franc CFA, présenté par certains comme une monnaie « héritée de la colonisation ».
La monnaie, utilisée par 14 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale pour un total de 155 millions d’habitants, est indexée sur l’euro et convertible avec la monnaie européenne. Les États utilisateurs doivent déposer 50% de leurs réserves en France.
Les six dirigeants présents au sommet de Yaoundé ont examiné « la coopération monétaire avec la France (et) décidé d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération », explique un communiqué final.
« À cet effet, ils ont chargé la Banque des États d’Afrique centrale (Béac) de proposer dans des délais raisonnables un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune », le franc CFA, ajoute-t-il.
Cinq chefs d’État présents
Cinq chefs d’État sur les six que compte la Cémac ont pris part au sommet de Yaoundé : le Camerounais Paul Biya, le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le Congolais Denis Sassou Nguesso, l’Équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema et le Tchadien Idriss Déby Itno. Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, était représenté par son Premier ministre.
Dans le texte, les dirigeants ont « réaffirmé leur volonté de disposer d’une monnaie commune stable et forte ».
Si le communiqué ne précise pas la nature de l’évolution, le président tchadien a évoqué sur les antennes de la télévision camerounaise la sortie de la monnaie. « Demain, quand nous sortirons du franc CFA, nous appartiendrons à un seul (cadre monétaire) », a-t-il affirmé.
« Nos partenaires français sont ouverts à tous les dialogues possibles avec nous. Les institutions de la Cémac et la Beac ont été chargées de négocier, pas dans la précipitation », a-t-il assuré.
« Un frein au développement »
« Nous ne devons pas être (liés aux) anciennes puissances coloniales« , a pour sa part affirmé le président équato-guinéen.
Dans un dossier de presse, la présidence camerounaise avait écrit que « la monnaie héritée de la colonisation (le franc CFA) divise les économistes et les chefs d’État de la zone franc ». Cette monnaie « est présentée par de nombreux experts en finances comme un frein au développement », avait-elle ajouté.
Dans une allocution à l’issue du sommet, Paul Biya a estimé que la politique monétaire en cours en Afrique centrale « a permis jusqu’à présent d’assurer la stabilité financière de notre sous-région ». « Il y a toutefois lieu de rester flexible à toute proposition de réforme visant à consolider son action », a-t-il préconisé.
Au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), certains officiels ont ouvertement pris position en faveur du remplacement du franc CFA par une autre monnaie. En Afrique centrale, les dirigeants étaient jusqu’à présent plus réservés sur la question.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée