Il ne reste plus qu’une semaine aux principales forces politiques du Soudan du Sud pour former un gouvernement d’union nationale, comme prévu par l’accord de paix signé en septembre 2018. C’est en effet le 12 novembre que le président Salva Kiir doit accueillir à Juba son ancien adjoint et rival Riek Machar au sein de la direction du pays.
Riek Machar continue de refuser d’intégrer le futur gouvernement, exigeant des mesures de confiance supplémentaires. Une exigence rejetée par Salva Kiir. C’est pourquoi le président ougandais Yoweri Museveni organise ce jeudi, avec son homologue soudanais, une rencontre à Kampala entre les deux hommes, pour tenter de trouver un terrain d’entente.
Le président Museveni va devoir être pragmatique. Et en compagnie du président du Conseil souverain soudanais, le général Al-Burhane, il va devoir obtenir des réponses de ses invités, Salva Kiir et Riek Machar.
Car d’un côté, avant d’intégrer le gouvernement, Riek Machar dit vouloir des garanties de sécurité pour les chefs de l’opposition, d’abord. Mais aussi des précisions sur le cantonnement des forces armées, ainsi que le retour au découpage territorial d’avant la guerre civile. De son côté, le président Salva Kiir estime que le temps n’est plus aux reports. Pour lui, l’urgence c’est un gouvernement uni, attelé à régler les questions nationales. Selon lui, la balle est dans le camp de Riek Machar, point final.
Voilà donc les contradictions que devra surmonter la médiation ce jeudi. Cette rencontre n’est pas encore celle de la dernière chance, mais il est vrai que la pression est de plus en plus forte sur les Soudanais du Sud pour qu’une solution soit trouvée avant la date butoir du 12 novembre.
Déjà les diplomates éthiopiens, kényans et soudanais s’étaient réunis à Djibouti la semaine dernière avec l’envoyé spécial de l’IGAD pour évoquer le blocage. Et vendredi, une réunion de l’IGAD doit se tenir à Addis-Abeba pour évaluer la situation à six jours du 12 novembre.
Calme relatif dans la ville de Wau
À Wau, dans le nord-ouest du Soudan du Sud, les violences ont fait des milliers de morts durant le conflit. Mais depuis la signature de l’accord de paix l’an dernier, la sécurité des populations s’est grandement améliorée. La région vit dans un calme relatif.
L’activité économique a repris. Les combats ont cessé. Les barrages ont été pour la plupart levés, même si les rebelles contrôlent une zone à quelques kilomètres de la ville.
Élisabeth Nuor, mère de 9 enfants, a constaté un vrai changement. « Avant on entendait les gens se faire tuer ou violer. Tout pouvait arriver. Un jour au marché, un homme a abattu mon voisin et il s’apprêtait à me tuer, mais quelqu’un l’a désarmé. Mais depuis la paix ça va mieux. Il n’y a pas de danger en ce moment. »
Mais la situation reste volatile. La semaine dernière, des rebelles sont entrés à Wau avec beaucoup d’hommes et d’armes. En réponse, l’armée a paradé en ville. Ces déploiements ont créé un début de panique et une courte fermeture des écoles.
Pour Nyanun Atuk Kan, les habitants restent sur leur garde. « On a peur quand on voit une personne en uniforme ou armée. Hier soir, on a aperçu un homme qui disait venir de Bira. On ne l’avait jamais vu. Les gens étaient méfiants et se demandaient pourquoi il était arrivé la nuit. »
Agostino Ayom travaille dans un centre de soin. Il attend comme les autres ce qui se passera le 12 novembre.
« Les gens n’ont pas encore confiance, car ils ne savent pas ce que feront les politiciens. Les communautés ont arrêté de s’entretuer. C’est donc aux politiques d’agir. Mais pour eux est-ce que l’accord de paix est toujours une réalité ? Est-ce qu’ils veulent le changer ? Je ne sais pas. »
Source: RFI Afrique/Mis en ligne : Lhi-tshiess Makaya-exaucée