Visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis 2007, Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, de son vrai nom, est accusé de 50 chefs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, dont meurtres, viols, pillages et tortures. Des crimes qui auraient été commis dans le cadre du conflit au Darfour en 2003 et 2004.
C’était une première audience pour Ali Kushayb, arrêté il y a tout juste une semaine, le lundi 8 juin, en Centrafrique, et aussitôt remis à la CPI et transféré à La Haye. Une audience qui a servi à vérifier son identité, celles de sa défense, et à procéder à la lecture des charges qui pèsent contre lui. Ali Kushayb est sous le coup de 50 chefs d’inculpation, 22 pour crimes contre l’humanité et 28 pour crimes de guerre, pour des exactions commises au tout début de la guerre du Darfour en 2003 et 2004.
Trois points intéressants ressortent de l’audience de ce lundi matin. Tout d’abord, le prévenu a indiqué ne pas vouloir qu’on l’appelle Ali Kushayb, mais Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, son nom. Ali Kushayb étant un nom de guerre, en quelque sorte. Ensuite, il a indiqué qu’il ne se reconnaissait pas dans ces accusations, qu’elles étaient fausses. Il a demandé à ce qu’on ne lise pas les chefs d’inculpation, ce que le juge a refusé. Enfin, Ali Kushayb a demandé une minute de silence pour les victimes du Darfour, ce que le juge a également refusé. Trois demandes qui donnent le ton. Comme la plupart des accusés, il nie d’emblée ce qui lui est reproché.
Premier procès côté gouvernement
Cette première audience s’est terminée en fin de matinée. La prochaine aura lieu le 7 décembre avec la confirmation des charges, avant un procès qui s’annonce important. En effet, si ce n’est pas le premier suspect impliqué dans la guerre du Darfour à comparaître devant la CPI – il y en a eu trois autres qui faisaient partie des groupes armés de la région – c’est la première fois qu’il y a un accusé côté gouvernement. Ali Kushayb était un chef janjawid, ces milices qu’utilisait Khartoum pour se battre contre les rebelles du Darfour.
À l’époque, il dirigeait plusieurs milliers d’hommes près de la ville de Nyala. Il est accusé d’avoir personnellement mené des attaques systématiques contre plusieurs villages de la région et d’être responsable d’exactions contre des civils.
Quatre autres personnes sont toujours recherchées par la CPI, pour leur responsabilité dans les crimes commis au Darfour, dont Omar el-Béchir, l’ex-président soudanais, ainsi que deux de ses anciens ministres. Tous trois sont détenus à Khartoum. Les autorités soudanaises préfèreraient d’ailleurs que ces figures de l’ancien régime soient jugées au Soudan.
Source: Rfi Afrique/Mis en : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée