Au Soudan, 24 heures après la signature d’un accord politique entre le régime militaire à Khartoum et l’opposition, des réserves, voire des critiques, se font entendre. Plusieurs membres de l’Alliance pour la liberté et le changement – la coalition d’opposition – ont d’ailleurs rejeté cet accord, estimant qu’il n’est ni complet ni représentatif. Les négociations doivent d’ailleurs reprendre ce vendredi sur les différents points restés en suspens. Mais tout le monde s’accorde à dire que le plus dur reste à faire.
Pour les observateurs, cet accord n’est qu’un premier pas vers un gouvernement civil. Il reste encore de nombreux points à définir, comme le pouvoir du conseil souverain et du gouvernement.
Sans parler des points restés en suspens : l’immunité réclamée par les militaires, la création d’un Parlement de transition ou le retrait des milices présentes à Khartoum.
D’autant plus que ce premier accord politique ne fait déjà pas l’unanimité. Certains membres de la coalition d’opposition l’ont déjà rejeté. Pour le parti communiste, il ne s’agit d’un réel transfert du pouvoir au civil.
Pour différents mouvements du Darfour, la marginalisation de certaines populations, la question des réfugiés ou les crimes commis au Darfour n’ont pas été abordés.
« Il reste encore beaucoup de travail à faire », estime un analyste soudanais, la plupart des points de contentieux doivent être traités lors d’un second volet de négociations qui doit s’ouvrir dans les jours qui viennent.
« Le fait que l’armée ait signé un premier accord est un point positif », ajoute un autre chercheur. Mais il ne faut pas se faire d’illusion, les militaires vont diriger pendant les 21 premiers mois de la transition et l’on peut craindre qu’ils en profitent pour diviser l’opposition et consolider leur pouvoir.
■ Les trois principaux mouvements armés du Darfour ont tous rejeté l’accord
Pour eux ce texte a été négocié dans la précipitation, sous la pression de la communauté internationale, et n’est pas inclusif.
Nous n’avons pas été consultés avant la signature de ce document, regrette Mohamed Zakaria, porte-parole du JEM, le Mouvement pour la justice et l’égalité.
« Nous faisons tous partie de la coalition, nous devrions tous contribuer à trouver une solution. Ce n’est pas normal qu’un petit groupe décide pour tous les autres. La question aujourd’hui est qui a signé cet accord ? Qui leur a donné l’autorité pour signer au nom du peuple soudanais ? »
Pour ces différents groupes, cet accord politique ne fait qu’aborder le transfert du pouvoir du régime militaire aux civils, et non les vrais problèmes du pays, explique Minni Minnawi, leader du SLA, l’armée de libération du Soudan : « Ils n’ont jamais abordé les vrais problèmes du Soudan, ils ne font que parler d’un transfert du pouvoir au civil, mais ça n’est pas ça le problème des Soudanais. Il faut s’attaquer aux causes du génocide au Darfour, à la discrimination de certaines communautés, à ce qui a provoqué le Soudan du Sud à vouloir son indépendance. Tout ça doit être discuté. »
Source: RFI/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée