Le Tchad et le Soudan étaient au cœur des discussions lors d’une réunion du Club de Paris, le 15 juillet. Le groupe informel de créanciers espère un geste du géant de négoce pour la dette tchadienne.
Lors d’une réunion du Club de Paris qui s’est tenu le 15 juillet au soir, le Soudan s’est vu formellement octroyer l’annulation d’une partie de sa dette. En juin 2021, la dette du pays s’élevait à 56 milliards de dollars. Au total, 23,5 milliards sont détenus par le Club de Paris, 5,6 milliards par les institutions multilatérales et 20 milliards par des créanciers non membres du Club de Paris. Le reste est détenu par d’autres créanciers.
Sur les 23,5 milliards de dollars détenus par le Club de Paris, 14,1 milliards vont être annulés et 9,4 milliards seront rééchelonnés. « Le Soudan n’aura aucun décaissement à effectuer jusqu’en décembre 2024. Dès que le pays aura atteint, en juin 2024, le point d’achèvement de l’initiative PPTE [Pays pauvres très endettés], une grande partie de ce solde de 9 milliards de dollars sera sans doute aussi annulée », a indiqué Emmanuel Moulin, directeur du Trésor français et président du Club de Paris. Un « accord historique » souligne le haut fonctionnaire français, précédent directeur de cabinet du ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Le Tchad pourrait être le prochain bénéficiaire d’une telle initiative. En effet, pour réduire la pression sur sa trésorerie et relancer l’économie, N’Djamena a en premier a demandé la restructuration de sa dette en vertu du « cadre commun » mis en place entre le Club de Paris et le G20. Par ailleurs, en janvier, le FMI et N’Djamena ont conclu un accord dans le cadre de la Facilité élargie de crédit et du Mécanisme élargi de crédit portant sur 560 millions de dollars de financements sur quatre ans.
Glencore dans le viseur
Le comité de créanciers (publics) du Tchad – G20 et Club de Paris – a été formé en avril dernier. Mais c’est au niveau des créanciers privés que la situation bloque. Le comité de créanciers espère rééchelonner la dette détenue par les créanciers privés dans des mécanismes comparables à ceux du Club de Paris.
Il s’agit ici de convaincre le groupe anglo-suisse de négoce Glencore qui possède des actifs pétroliers dans le pays, de rejoindre le mouvement. En outre, le Tchad doit à Glencore et à son syndicat de prêteurs plus d’1 milliard d’euros. La part de Glencore s’élève, quant à elle, à 347 millions d’euros, selon l’agence de presse Bloomberg.
Plusieurs dignitaires – dont le directeur du groupe de la Banque mondiale (BM) David Malpass ou la directrice du FMI Kristalina Gueorguieva – se sont prononcés ces derniers mois en faveur d’une restructuration de la dette de Glencore. « Nous attendons d’eux un effort supplémentaire pour aider le Club de Paris » a affirmé une source de l’entourage du groupe de créanciers.
En 2015, puis en 2018, Glencore avait déjà restructuré son prêt avec le Tchad après la chute des prix du pétrole. Cette fois, une annulation de la dette n’est pas envisagée. Il s’agirait plutôt d’un rééchelonnement sur le long terme.
Le moratoire du service de la dette ne sera pas étendu au-delà de la fin de l’année, a annoncé Emmanuel Moulin. En 2021, 45 pays ont demandé à en bénéficier pour un montant de 4,6 milliards de dollars dont 1 milliard au titre du Club de Paris. Pour l’année 2020, le moratoire du service s’est élevé à 5,7 milliards de dollars, dont 2,5 milliards pour le Club de Paris.
Source : Jeune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée