Au Tchad, trois mois après le début de la transition militaire, la société civile et la classe politique continuent d’exiger la révision de la charte de transition proposée par la junte militaire. Ils dénoncent un texte qui accorderait les pleins pouvoirs au président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby, fils de l’ancien président décédé en avril.
Le fils de l’ancien président décédé en avril dernier concentre ainsi les pouvoirs administratifs, financiers, judiciaires, militaires et politiques.
Pour Max Kemkoye, le président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès, cette situation risque de paralyser la vie politique et d’empêcher toute transition démocratique. « Il dispose des pouvoirs lui permettant de légiférer par ordonnance. Il nomme les membres du Conseil national de transition, l’organe législatif, et peut dissoudre en même temps cet organe. Ce ne sont pas les pouvoirs d’un président de transition. Ce sont les pouvoirs d’un président de la République. Or, Mahamat Idriss Deby n’est pas le président de la République. »
Pas de véritable transition
Les autres griefs contre la charte concernent l’absence d’une clause interdisant les dirigeants de la transition d’être candidats à la prochaine présidentielle, mais aussi la possibilité de prolongation de la transition au-delà de 18 mois.
Pour Alain Kemba Didah, coordonnateur du mouvement citoyen Le Temps, qui participe depuis plus de trois mois des marches pacifiques contre la transition militaire au Tchad. « Cette charte doit être modifiée pour introduire clairement l’inéligibilité des membres du Conseil militaire de transition, elle doit fixer très clairement la limite de la transition et en même temps mentionner l’organisation d’une conférence nationale souveraine à l’issue de laquelle des nouvelles institutions seront mises en place.«
« Des agitateurs »
Mais pour le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de transition militaire, Abderaman Koulamallah, l’avis de ceux qui contestent la charte de transition est négligeable.
Selon lui, « ce sont des agitateurs qui parlent. On tient compte de leur avis mais leur avis n’est pas important. La révision de la charte de transition sera débattue lors du dialogue national inclusif. Et si le dialogue décide de la révision de la charte dans un sens ou dans un autre, la charte sera révisée. »
La semaine dernière, les Tchadiens de la diaspora ont également proposé une charte de transition qui prend en compte les critiques formulées par les acteurs politiques et la société civile. Cette proposition est pour le moment restée lettre morte.
Source: Deutsch Welle Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée