L’ancien ministre de l’Intérieur comptait rentrer au Togo après quatorze ans d’exil. Ce sera plus compliqué que prévu : le 28 mars, il n’a pu décoller de Paris, faute d’avoir pu renouveler son passeport. Dix choses à savoir sur le parcours de cet ancien ministre devenu opposant en exil.
1. Saint-Cyrien
Ce Kabyé originaire de la petite ville de Tchitchao, près de Kara (nord du Togo) fait ses études en France : en 1984, il intègre Saint-Cyr Coëtquidan (où il côtoie François Lecointre, l’actuel chef d’état-major des armées françaises), puis l’École des officiers de la gendarmerie nationale de Melun. À son retour au pays, en 1988, il s’engage dans la gendarmerie.
2. Ceni
Cinq ans plus tard, il renonce à la carrière militaire et devient conseiller juridique au cabinet du ministre de la Justice. Le général Eyadéma le nomme à la Ceni pour y représenter la majorité.
3. Main de fer
Fin 2002, à 37 ans, il est nommé ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation. Il occupe encore ces fonctions le 4 juin 2003 lorsque Gnassingbé Eyadéma est déclaré vainqueur de la présidentielle.
4. Démission
À la mort du général Eyadéma, le 5 février 2005, il propose de différer l’élection présidentielle, prévue le 24 avril, mais, isolé, finit par démissionner. Craignant pour sa sécurité, il se réfugie à l’ambassade d’Allemagne avant de quitter le Togo. Il vit depuis en exil.
5. Avocat
En 1997, il avait soutenu une thèse de doctorat en science politique à l’université Paris-I. Un an plus tard, il obtenait son certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa). Installé en France en 2005, il a travaillé pour le cabinet Fénéon Delabrière Avocat avant de fonder son propre cabinet, JID-Avocats.
6. Frac
En rupture avec le pouvoir, il est, en février 2010, l’un des fondateurs du Front républicain pour l’alternance et le changement (Frac), qui s’est constitué pour soutenir la candidature de Jean-Pierre Fabre à la présidentielle de mars.
7. Faure
Barry Moussa Barqué, l’un des conseillers de Faure Gnassingbé, le contacte afin de discuter des modalités d’un éventuel retour au pays. En novembre 2018, il est même question d’un rendez-vous avec le chef de l’État à Addis-Abeba. La présidence togolaise l’annule au dernier moment.
8. Ailes coupées
Pour discuter des conditions de son retour, Boko a mandaté Bruno Clément-Bollée, un général français à la retraite, et l’avocat Alain Fénéon, un de ses amis. En dépit des assurances de Faure Gnassingbé, sa demande de renouvellement de passeport n’a pas abouti, et, ce 28 mars, la police française ne l’a pas autorisé à s’envoler pour Lomé.
9. Déserteur ?
Certains sécurocrates proches du pouvoir envisagent de le poursuivre pour désertion. Or Boko assure s’être mis en disponibilité de l’armée au moment où il intégrait la Ceni. Il dit aussi avoir été radié de ses effectifs après sa démission du gouvernement.
10. Course contre la montre
Il n’exclut pas de briguer la magistrature suprême en 2020. Mais, selon la Constitution, les candidats doivent être domiciliés au Togo au moins un an avant la date du scrutin… Le temps presse donc, d’autant que Boko n’a pas de parti. Il peut en revanche compter sur le soutien de la plateforme Engagement pour l’avenir, de Kamal Adjayi.
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée