L’Alliance nationale pour le changement (ANC) accuse certains de ses conseillers municipaux d’avoir accordé des voix à des candidats du parti UNIR au pouvoir, lors des élections des maires. Une manière de réaffirmer son hégémonie à quelques mois de la présidentielle de 2020.
Des conseillers municipaux « ont manqué à leurs obligations », peut-on lire dans un communiqué de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), publié dimanche. Nouvellement élus, des responsables du parti d’opposition, notamment dans les communes de Golfe 3 et Amou 2, « auraient, en dehors de leurs aires de compétence et sans aucun mandat à cet effet, pris des décisions contraires aux instructions du parti et à ses intérêts ».
La formation politique accuse ses élus d’avoir accordé des voix à des candidats de l’Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir, lors des élections des maires, entre le 13 et le 15 septembre. « Ils ont décidé de voter UNIR sans consulter le parti, explique à Jeune Afrique une source au sein du parti. La discipline doit être de rigueur au sein d’une formation politique et la ligne de conduite qui a été fixée doit être respectée ».
Pour « vérifier les faits », « identifier les personnes concernées » et proposer, le cas échéant, des « sanctions disciplinaires », un comité compétent sera mis en place. Ce dernier devrait se réunir « dans les jours à venir et les textes du parti feront foi », précise notre source.
Justement, l’article 41 du statut du parti prévoit que les élus locaux de l’ANC doivent respecter « en toutes circonstances la ligne politique et les directives du parti ». En cas d’infraction à cette règle, « les dispositions relatives à la discipline et aux sanctions prévues par les statuts et le règlement intérieur du Parti leur sont applicables ». Les sanctions peuvent aller du simple avertissement à l’exclusion.
Stratégie de communication
C’est la première fois que le parti de Jean-Pierre Fabre, créé en 2010, annonce ouvertement des sanctions à l’encontre de certains de ses membres. Pour le politologue Mohamed Madi Djabakaté, l’ANC réaffirme ainsi son « hégémonie » depuis que le Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Salifou Atchadam est venu bouleverser la scène politique togolaise.
« C’est une stratégie de communication à quelques mois de la prochaine élection présidentielle, affirme le spécialiste. C’est aussi une réponse aux autres partis qui accusent l’ANC d’être en alliance avec le parti au pouvoir ».
Redistribution des cartes
« La participation de toutes les formations politiques aux municipales a permis de redistribuer ou de redéfinir les cartes de l’influence au sein de l’opposition », analyse Mohamed Madi Djabakaté.
L’ANC, qui ne dispose d’aucun député à l’Assemblée nationale, est arrivée en deuxième position (138 élus locaux) à l’issue des élections municipales lors desquelles les Togolais étaient appelés à élire leurs conseillers municipaux, fin juin, derrière UNIR, devenant, de facto, la première force politique de l’opposition.
Ex-chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre a d’ailleurs été élu maire de la quatrième commune du Grand Lomé, Golfe 4. Dans la capitale togolaise, son parti a remporté trois autres municipalités, contre sept pour UNIR. Une ascension qui pourrait se confirmer lors de l’élection présidentielle de 2020, à l’issue de laquelle le parti espère réaliser l’alternance.
Lors du démarrage de la campagne des municipales, le leader de l’ANC s’était d’ailleurs déjà montré confiant : « Notre lutte commune approche de son terme et doit aboutir d’ici à 2020. J’y crois fermement ».
Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée