Des militants de la société civile et des spécialistes du droit constitutionnel, aux côtés d’anciens Premiers ministres et d’un ex-président de l’Assemblée nationale populaire(ANP). Pas très éloigné de l’«ancien monde», mais pas totalement un «nouveau monde» réclamé par la rue algérienne depuis le départ d’Abdelaziz Bouteflika. Il faudra observer les pancartes et les banderoles qui seront brandies lors de la manifestation de ce vendredi pour voir si leur désignation souffre d’aucune contestation. En dévoilant une liste de treize personnalités dites «neutres» pour conduire les négociations de sortie de crise, le Forum civil pour le changement insiste sur leur intégrité pour réunir les conditions pour une nouvelle présidentielle qui doit acter la transition.
Une instance pour le dialogue et la médiation pilotée par 13 personnalités dites «neutres» pour sortir de l’impasse en Algérie. C’est la réponse du Forum civil pour le changement (FCPC) à la proposition d’Abdelkader Bensalah, le président intérimaire de l’Algérie depuis la démission d’Abdelaziz Bouteflika. Acculé par une rue qui avait rejeté toute idée d’une présidentielle organisée par des personnalités du régime déchu, le locataire provisoire du Palais de la Mouradia avait fini par faire prospérer l’idée d’un dialogue inclusif, organisé en dehors de l’institution militaire, pour sortir la crise politique.
«Sans ambitions politiques», des personnalités «neutres»
Appel entendu par Abderrahmane Arar, président du FCPC. Après plusieurs consultations ouvertes les jours précédents, le militant de la Dynamique de la société civile a dévoilé, ce mercredi 17 juillet, une liste de treize personnalités chargées de mener les négociations pour réunir les conditions juridiques, légales, politiques pour aboutir à une transition apaisée en Algérie. «Sans ambitions politiques» avérées, les membres de ce comité ad hoc ont été choisis en se basant sur des critères comme «la crédibilité, la neutralité, la rupture avec l’ancien régime et l’appartenance au hirak (mouvement de protestation populaire, NDLR)», détaille Abderrahmane Arar, lors de sa conférence de presse.
Sur la liste des personnalités choisies, Djamila Bouhired, ancienne combattante du Front national algérien (FLN) lors de la guerre d’indépendance. Elle y côtoie Fatiha Benabou, une spécialiste du droit constitutionnaliste et aux côtés de deux anciens chefs de gouvernement, Mouloud Hamrouche (sous Chadli Bendjedid) et Mokdad Sifi (sous Liamine Zeroual). La liste fait également apparaître les noms du sociologue Nacer Djabi, de l’avocat et homme politique Mustapha Bouchachi, du Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) ou encore l’économiste Smail Lalmas et l’activiste Islam Benatia.
Enjeu majeur de la future transition
Et pourtant, au lendemain de leur désignation, certaines personnalités de cette liste ont soit démenti avoir été consultées par le FCPC, soit expliqué n’avoir donné que leur «accord de principe» quand elles n’ont pas exprimé leur surprise de retrouver leur nom sur cette liste. L’affaire de la task-force met le FCPC et son président dans l’embarras, d’autant que l’annonce de la mise en place de l’instance chargée de cette mission de médiation émanait de la présidence. Sur fond de pressions supposées sur des personnalités afin qu’elles prennent la tête de ce comité de treize personnalités, la liste dévoilée par le FCPC ne suscite rien d’autre que la suspicion.
Enjeu majeur de la future transition, le choix des personnalités est la première étape qui doit respecter la transparence et la clarté que réclame la rue. Il devra contenter une rue avide de changement qui manifeste depuis février dernier. Il faudrait d’ailleurs observer les pancartes et les banderoles qui seront brandies lors de la manifestation de vendredi pour voir si le processus de désignation ou les noms proposés seront contestés. Autour de cette liste de personnalités se joue, peut-être, le début de la transition tant attendue.
Source: Afrique la tribune/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée