En Tunisie, le président Kaïs Saïed a annoncé que les familles des blessés et morts de la révolution de 2010 seraient indemnisées. Cela faisait des années que ce dossier n’avançait pas. Pourquoi se débloque-t-il maintenant ?
Comme souvent, le président tunisien aime jouer sur les symboles. Alors que son pays commémorait samedi 9 avril la fête dite des « martyrs » – en référence aux nationalistes tombés sous les balles françaises lors d’un soulèvement en 1938 –, Kaïs Saïed a décidé d’honorer avec eux d’autres victimes, celles de la révolution tunisienne qui débouche sur la chute de Ben Ali, en 2011.
C’est un dossier qui traîne depuis des années et que suit Hatem Nafti, politologue : « Le plus gros problème a été de définir la liste des martyrs et surtout des blessés de la révolution. Cela a pris beaucoup de temps, la liste définitive a été publiée en 2020. Il y a eu pas mal d’allers-retours et c’est ce qui explique que ça ait mis autant de temps. »
En plus des familles des citoyens blessés ou tombés pendant le soulèvement, celles des policiers et militaires tués dans des attaques terroristes post-révolutionnaires auront également droit à des réparations.
« Aujourd’hui, pour pouvoir demeurer au pouvoir, il [le président Kaïs Saïed] est obligé de compter sur les forces armées et la police. C’était une demande récurrente des syndicats de police et de gendarmerie que de mettre en place un mécanisme pérenne qui prenne en charge les blessés et les victimes d’opérations terroristes. C’est aussi une façon de s’assurer l’allégeance des forces armées », ajoute le politologue Hatem Nafti.
Cette annonce intervient alors que des opposants à Kaïs Saïed étaient réunis à Tunis pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’accaparement du pouvoir par un seul homme.
Source: RFI Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée