Un ancien militaire algérien, ayant fui son pays après avoir pris part au mouvement de contestation du Hirak et qui a été condamné par contumace à dix ans de prison, a été arrêté en Espagne et fait face à une procédure d’expulsion, a-t-on appris jeudi 17 mars de sources concordantes.
Selon une source proche du dossier, Mohamed Benhalima se trouve dans un centre de rétention pour étrangers à Valence (est). Son avocat, Eduardo Gomez Cuadrado, a déclaré à l’AFP que son client, qui a été arrêté lundi à Saragosse (nord-est), faisait l’objet d’une procédure d’expulsion.
Mohamed Benhalima avait fui l’Algérie en septembre 2019 après avoir pris part au Hirak, le mouvement de contestation anti-régime qui avait notamment poussé à la démission l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Arrivé en Espagne, il y avait déposé une demande d’asile.
Cet ex-caporal de 32 ans a été condamné par contumace dans son pays en mars 2021 à 10 ans de prison pour « publications de fausses informations ». Un mandat d’arrêt international à son encontre avait été émis par l’Algérie.
Un « lanceur d’alerte »
Selon l’avocat de M. Benhalima, la police espagnole a motivé sa procédure d’expulsion par des accusations d’« activités contraires à la sécurité nationale ou qui pourraient compromettre les relations de l’Espagne avec d’autres pays ».
Les autorités espagnoles lui reprocheraient notamment des liens présumés avec le mouvement islamo-conservateur Rachad, a expliqué Me Gomez Cuadrado. Contacté par l’AFP, le ministère de l’intérieur s’est refusé à tout commentaire. Bête noire du régime algérien, le mouvement Rachad, établi à Londres, a été classé « terroriste » par l’Algérie en mai 2021.
Dans une affaire similaire, Abdellah Mohamed, lui aussi ancien militaire déserteur, a été remis par l’Espagne aux autorités algériennes en août 2021 pour appartenance présumée au mouvement Rachad.
Amnesty international a appelé l’Espagne à « renoncer immédiatement » à une éventuelle expulsion de Mohamed Benhalima, affirmant qu’il s’agit d’un « lanceur d’alerte » ayant « dénoncé la corruption dans les rangs des hauts gradés de l’armée algérienne ». L’ONG des droits humains accuse notamment le régime algérien de « torture et d’autres formes de mauvais traitements » contre plusieurs militants du Hirak.
Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée