Le gouvernement ivoirien va évacuer et raser un quartier proche de l’aéroport d’Abidjan. Il se défend d’utiliser comme prétexte, la mort d’un jeune Ivoirien caché dans le train d’atterrissage d’un vol vers l’Europe.
Les autorités ivoiriennes ont ordonné l’évacuation et la destruction d’un quartier proche de l’aéroport de la capitale économique ivoirienne. Or cette opération intervient une semaine après la découverte d’un jeune garçon de 14 ans mort de froid dans le train d’atterrissage d’un avion reliant Abidjan à Paris.
Un peu plus de 3.000 familles sont concernées. « Aujourd’hui, nous avons un incident dans un aéroport que nous jugeons sûr. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut prendre des mesures. Des mesures pour améliorer la sécurité. Et c’est aujourd’hui la préoccupation majeure des autorités », affirme Silué Sinaly, directeur de l’autorité nationale de l’aviation civile. D’après lui, la mort de l’adolescent originaire du quartier de Yopougon, dans le nord d’Abidjan, a contraint le gouvernement ivoirien à débuter depuis lundi (13.01.2020) l’évacuation du quartier qui jouxte l’aéroport.
Une autre version
Le gouvernement est accusé d’utiliser ce drame comme un prétexte pour évacuer le quartier. Mais le directeur de cabinet du ministère des Transports, Mamadou Diomande rejette cette accusation et explique que « la mesure qui a trait au déguerpissement des populations qui sont mitoyennes n’est pas une mesure nouvelle ».
Le périmètre visé par l’opération de déguerpissement appartient selon Mamadou Diomande « au domaine aéroportuaire c’est-à-dire à l’espace de 3.700 hectares qui constitue l’aéro-cité. C’est un espace qui a fait l’objet d’une déclaration de domaine public ».
Mais les populations qui vivent dans ce quartier ne comprennent pas cette décision d’évacuation sans préavis et sans mesure d’accompagnement qui a lieu surtout en pleine année scolaire.
Etonnement des populations
Une semaine après le drame de Yopougon, le chef du village de Gonzaqueville Youssouf Belem rappelle que la victime ne vivait pas dans leur quartier et il s’étonne des failles dans le dispositif sécuritaire de l’aéroport.
« Nous nous demandons comment un enfant de 14 ans peut franchir une clôture de cinq mètres équipée de barbelés. Sans oublier la gendarmerie et la société Visecu qui mènent des patrouilles. Mais on ne peut rien faire contre le gouvernement et la mesure qui a été prise fait souffrir les parents et les élèves du quartier. Les familles, aujourd’hui, ne savent pas où se loger », se plaint le chef de quartier.
Cheik Ouattara, élève en classe de 4e et âgé de 14 ans est sans domicile depuis le passsage des agents chargés du déguerpissement. « Ce que le président Alassane Dramane Ouattara fait n’est pas normal », dénonce le jeune garçon.
Avenir incertain
« Nous qui sommes à côté, il est venu casser nos maisons. On est scolarisé à la Relève (un collège du quartier, ndlr). Comment allons-nous faire pour aller à l’école si nos parents n’ont pas les moyens ? », s’interroge-t-il. Si les écoles sont épargnées pour l’instant par cette opération, la question reste de savoir où vont habiter les familles et si les enfants pourront continuer de suivre les cours.
A toutes ces interrogations, le gouvernement répond en mettant en avant la question de la sécurité, y compris pour les habitants du quartier en cours de destruction.
Plusieurs accidents ont déjà eu lieu, dont le crash de deux hélicoptères et un avion qui, en décembre 2017 et janvier 2018, se sont écrasés sur le quartier et ses environs.
Source: Deutsche welle Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée