Cela fait un mois ce lundi (04.11.19) qu’a pris fin le « Grand dialogue national » au Cameroun. Comment se porte le Cameroun aujourd’hui? L’image du président Paul Biya semble s’être améliorée sur le plan international.
Lors de l’élection présidentielle controversée d’octobre 2018, l’Union européenne n’avait pas envoyé d’observateur international. Après la réélection pour un septième mandat du président Paul Biya, une crise post-électorale s’est installée, aboutissant à une série de manifestations de l’opposition et à l’arrestation fin janvier 2019 du président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, Maurice Kamto.
Crise sécuritaire
En plus de la crise post-électorale, le Cameroun est aussi confronté à une crise sécuritaire avec le conflit qui secoue les deux provinces anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Un an après, cette situation n’a pas changé, au vu de la multiplication des tragédies et des violations des droits humains qui se poursuivent.
Changement de ton
Pour autant, on assiste en général à un changement de ton au niveau international contre le régime de Yaoundé. Ce qui fait dire au politologue Pierre Nka que Paul Biya a réussi un coup avec le « Grand dialogue national ».
« Ce qu’on peut constater, c’est que le président est redevenu fréquentable. Vous savez, aller à Lyon comme il est allé la dernière fois, c’est quand même quelque chose. Et quelques jours après la visite de Lyon, on a vu bien que le ministre français des affaires étrangères est arrivé à Yaoundé. Il est arrivé à Yaoundé au moment où le président de la République s’apprêtait aussi à aller à un autre grand’messe international : le Sommet de Sotchi en Russie. Malheureusement, il n’a pas pu faire le déplacement. Donc, en termes d’images, le président de la République a réussi à se repositionner sur la scène internationale », explique-t-il.
Offensive diplomatique
Depuis le « Grand dialogue national », Paul Biya reçoit ainsi de plus en plus des diplomates étrangers. Il envoie ses proches à travers le monde, comme ce fut le cas récemment, lors de l’intronisation du nouvel empereur Naruhito qui a pris la place de son père Akihito, resté 30 ans sur le trône, et qui devient le 126e souverain du Japon.
Selon Pierre Nka, Paul Biya reste maître du jeu camerounais parce qu’il a une contrôle toujours le système qu’il a façonné depuis son accession au pouvoir en 1982. Il prend pour exemple le rétropédalage du président camerounais dans l’affaire du Terminal à conteneur du port de Douala, concédé à l’homme d’affaire français Bolloré.
Maurice Kamto et les sécessionnistes
Certains analystes estimes que le président Paul Biya pourrait être confronté à la résistance qu’affiche le leader du MRC, Maurice Kamto et ses partisans qui maintiennent la pression dans la rue.
Autre caillou dans la chaussure du président, la crise dans les deux provinces anglophones du pays et la détermination affichée des leaders sécessionnistes qui ne renoncent pas à leurs revendications séparatistes.
« Les sécessionnistes ou nos compatriotes de la partie anglophone ont fait une corbeilles de revendications, sur lesquelles nous avons travaillé avant le Dialogue, pendant le Dialogue et on va continuer à travailler après le Dialogue. Quand je dis « nous », je veux dire la communauté nationale. Et le résultat le plus manifeste de la reconnaissance nationale, c’est qu’on leur a accepté d’avoir un statut spécial », explique le géostratège, Joseph Vincent Ntounda Ebodé.
Un autre bémol concernant le rayonnement du Cameroun de Paul Biya, c’est l’annonce vendredi dernier (1er novembre) de l’exclusion du pays du système commercial préférentiel avec les États-Unis (AGOA).
Selon plusieurs sources, le numéro un camerounais prenra part au sommet consacré aux questions de sécurité dans la Golfe de Guinée, prévu en cette fin d’année.
Source: Deutsch Welle /Mis en ligne : Lhi-tshiess Makaya-exaucée