Au Cameroun, les autorités poursuivent depuis huit mois une opération baptisée « zéro malade mental dans les rues de Yaoundé. » Cette campagne vise a priori à venir en aide aux personnes handicapées qui vivent dans la rue pour leur administrer des soins et leur donner une chance de se réintégrer. Mais avec la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule dans le pays, l’initiative, lancée par la communauté urbaine en partenariat avec le ministère de la Santé, est soupçonnée d’avoir voulu vider les rues avant cette compétition.
Tous les mois, Frédéric Greenly Zintchem, chef d’équipe à Yaoundé 1 pour la prise en charge des personnes errantes atteintes de maladie mentale, fait le suivi des patients en communauté :
« Ce suivi, nous le faisons depuis presque un an. Il se fait mensuellement car il y a des injections à administrer une fois par mois. Ce qui prennent des comprimés, nous nous arrangeons pour qu’ils soient ravitaillés toutes les deux semaines avant que le stock ne soit épuisé. Cela nous permet également d’évaluer l’évolution de chaque patient. »
Guérison
Les patients, qui pour la plupart souffrent de schizophrénie et de troubles de comportement liés à la consommation de drogues, reçoivent des neuroleptiques à action rapide destinés, selon les responsables médicaux, aux malades considérés comme agités.
Une centaine de patients reçoivent des soins à l’hôpital Jamot dans un pavillon spécialisé baptisé « village de l’amour » et nouvellement aménagé.
Depuis leur prise en charge, certains patients comme André Parfait Noah sont sur la voie de la guérison.
« J’étais assis à la poste centrale, j’avais l’habitude de m’asseoir là-bas pour faire mes discours. Les agents de la communauté urbaine sont arrivés et m’ont amené. Cela fait plus de deux semaines que je suis ici, je me sens différent. On déjeune le matin, on mange le soir avant de dormir et on prend des médicaments le matin et le soir », raconte-t-il.
Une centaine de volontaires ont été formés pour conduire ce projet.
« Avant, pendant, et après la CAN »
Mais de nombreux Camerounais estiment que l’initiative est liée à la Coupe d’Afrique des nations qui se tient en ce moment au Cameroun, ce que réfute le ministère camerounais de la Santé.
Selon Laure Menguene, psychologue et sous-directrice de la santé mentale au ministère de la Santé, « il est question d’éradiquer cette problématique dans la ville de Yaoundé. Beaucoup de personnes ont pensé que c’était en rapport avec la CAN, ce n’est pas du tout le cas. C’est une activité qui se veut pérenne parce qu’au Cameroun, on prend en charge les malades avant la CAN, on le fait pendant et on le fera aussi après la CAN. »
Si le bilan de l’initiative est jugé positif, elle pourrait se voir étendue à d’autres villes camerounaises.
Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée