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Moteur du commerce intra-africain, l’Afrique du Sud compte sur le futur marché commun pour booster encore plus ses exportations. Pour concrétiser son objectif, un comité chargé d’élaborer des plans d’action vient d’être lancé.
Le président Cyril Ramaphosa a fait du redressement de l’économie son cheval de bataille. Malgré une conjoncture économique au plus bas, notamment une chute du PIB a 3,2 % au premier trimestre, et un taux de chômage atteignant 29 %, l’Afrique du Sud est le pays qui exporte le plus vers le reste du continent avec un produit sur trois exporté vers le reste de l’Afrique, quasiment deux fois plus que la moyenne du continent. Le président s’est d’ailleurs illustré dans la promotion de la future zone de libre-échange. Il a donc donné une feuille de route précise à son équipe gouvernementale. Deux secteurs sont en tête des priorités du chef de l’État : les exportations agricoles et le secteur automobile. La nation arc-en-ciel produit et assemble les véhicules pour des grands constructeurs mondiaux et représente un tiers des ventes du continent.
S’étendre au-delà de la zone australe
C’est le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ebrahim Patel, qui est au front sur ce dossier qui pourrait complètement changer la donne pour l’économie sud-africaine. Il a lancé ce lundi 19 août à la demande du président Cyril Ramaphosa un comité national composé de représentants du monde des affaires, du monde du travail et du gouvernement, chargé d’élaborer des plans d’action concernant le nouvel accord de libre-échange continental. « L’accord modifiera et transformera fondamentalement l’économie sud-africaine. Déjà, les exportations vers d’autres pays africains génèrent environ 250 000 emplois en Afrique du Sud et constituent la part de nos exportations de produits manufacturés qui connaît la plus forte croissance », a assuré le ministre lors de cette première session stratégique entre son ministère et les partenaires sociaux au sein du Conseil national de l’économie, du développement et du travail (Nedlac). « Il y a énormément de travail à faire pour préciser les modalités et les avantages de la Zleca [Zone de libre-échange continentale africaine, NDLR] », a-t-il précisé.
Le comité est d’ailleurs présidé par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ebrahim Patel en personne. Il comprend des représentants des secteurs gouvernementaux, des affaires et du travail. Il sera chargé d’identifier les produits que le pays pourrait exporter vers d’autres États africains et les mesures à prendre pour réaliser ces exportations. Selon le ministre, la Zleca offre une opportunité pour de nouveaux marchés pour les produits sud-africains, toutefois contrebalancée par le risque que certaines industries puissent être menacées par les importations en provenance de l’ensemble du continent. Il a annoncé que le comité devra identifier les produits vulnérables et développer des mesures pour renforcer ces secteurs.
Le vice-ministre du Commerce et de l’Industrie, Fikile Majola, a déclaré que la Zleca offrait à l’Afrique du Sud « l’occasion de s’étendre sur de nouveaux marchés en Afrique du Nord et de l’Ouest, au-delà de la région de la SADC ». « Cela apportera aux exportateurs et aux investisseurs sud-africains une sécurité juridique indispensable et un accès aux marchés à travers l’Afrique », a-t-elle déclaré à Addis-Abeba lors d’une réunion des ministres africains du Commerce.
Considérer toutes les contraintes
Pour préciser le calendrier, le ministre Ebrahim Patel a ajouté que « dès maintenant, nous finaliserons une liste tarifaire énumérant les produits couverts par la Zleca et les règles d’origine qui définissent ce qui est considéré comme un article fabriqué localement. Les règles d’origine en vigueur incluent les vêtements et les textiles, les voitures et le sucre. Nous engagerons les entreprises et les travailleurs de Nedlac dans ces domaines et finaliserons les accords entre tous les pays d’ici la fin de l’année. » Reste que le pays doit relever de nombreux défis pour concrétiser cet accord, notamment dans la mise en place d’administrations douanières nationales, les systèmes de paiement entre pays, mais aussi la question cruciale des infrastructures adéquates reliant les pays africains… sans oublier la question de l’électricité.
Dans un rapport publié en avril, le Fonds monétaire international(FMI) soutient qu’« améliorer la logistique commerciale, tels les services douaniers, et régler le problème des mauvaises infrastructures pourrait être jusqu’à quatre fois plus efficace que la réduction des tarifs douaniers pour favoriser le commerce ». La Zleca a pour ambition de supprimer les droits de douane pour 90 % des marchandises. Laissés à la discrétion de chaque pays, 7 % seront libéralisés sur une période plus longue, tandis que les trois restants ne le seront pas. L’accord a été ratifié par 27 pays africains, dont l’Afrique du Sud. Sa mise en œuvre est prévue pour juillet 2020. « Nous devons réagir de manière proactive à la menace d’une guerre commerciale mondiale et au ralentissement de la croissance de la plupart de nos principaux partenaires commerciaux. Construire la zone de libre-échange continentale africaine est essentiel », a martelé Ebrahim Patel.
Source: Le Point Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée